Fort du succès rencontré
par les concerts de la saison
dernière, l'Espace Daniel-Sorano
a décidé de continuer sur
sa lancée. Ainsi, huit nouveaux
concerts sont programmés
d'octobre à mai,
orchestrés cette saison par
Vincent Bessières. Ce
passionné de jazz est, parmi les
facettes de ses multiples talents,
journaliste, commissaire des expositions
"We Want Miles" et "Django Reinhardt"
à la Villette... Cette
année encore, l'Espace
Daniel-Sorano espère provoquer le
désir de belles rencontres
musicales !
Patricia Monceaux
Directrice de l'Espace
Daniel-Sorano
Qu’est-ce que le
jazz en 2012 ?
Une musique qui vit,
une musique qui rebondit. Si
certains le croient un genre du
passé parce qu’il s’est
inventé dans le
siècle qui est
désormais derrière
nous, ils se trompent : le jazz
n’a pas pris une ride. Au
contraire, il continue de se
remettre en jeu, se ressourcant
à sa propre histoire tout
en regardant de l’avant,
empruntant à d’autres
traditions pour mieux se
relancer. Ainsi va le jazz,
comme il a toujours
été. L’Espace
Daniel-Sorano fait le pari de
donner à entendre
certains de ceux qui font battre
son cœur et, par la même
occasion, battre aussi le
nôtre.
Ceux qui viendront
sur la scène cette saison
comptent parmi les artistes qui,
en France, expriment cette
vitalité, avec talent et
originalité, fraicheur et
tempérament. Leur
présence se
déclinera dans un
éventail de combinaisons,
du solo au big band en passant
par les formes
intermédiaires du duo, du
trio ou du quartet. Chaque
projet est unique,
créatif, sensible, comme
ceux qui les portent. Vous allez
le voir : le jazz n’a pas fini
de vous émouvoir.
Vincent
Bessières
Elisabeth Kontomanou duo
Secret of
the Wind
Elisabeth
Kontomanou (voix)
Gustav
Karlström (piano, voix)
Là où tant de
ses consœurs « jouent
» à la chanteuse de
jazz, avec force minauderie,
Elisabeth Kontomanou est
entière, sincère,
intègre. Elle chante avec
une voix qui ne s’oublie pas,
elle pèse chaque mot des
paroles et va chercher au plus
profond d’elle-même
l’intonation qui sonne juste.
Quand elle ne les a pas
écrites elle-même,
ses chansons sont reprises
à la soul, au gospel, au
blues, au jazz, comme si elle
avait toujours grandi avec eux.
Elles sonnent d’autant plus
vraies qu’elle les
interprète dans le plus
simple appareil : en duo avec un
pianiste, Gustav Karlström,
qui n’est autre que son fils.
Son dernier album s’intitule
« Secret of the Wind
». Parce qu’elle est
à l’écoute de
l’essentiel, de ce frisson qui
passe par une simple vibration.
Pas une note de trop, pas
d’effet de manche, tous deux sur
la même longueur d’onde :
entièrement
dévolus aux chansons
qu’ils interprètent.
C’est aussi sublime que simple.
Mais si rare…
Samedi
13 octobre 2012 à 20h
Tony Tixier quartet
Dream
Pursuit
Tony
Tixier (piano)
Logan
Richardson (saxophone alto)
Earl
Burniss Travis (contrebasse)
Justin
Brown (batterie)
C’est l’une des
révélations de
l’année 2012. Tentant
l’aventure du jazz depuis Paris
alors que son frère jumeau
Scott a fait le choix d’aller
mener carrière à New
York, le jeune pianiste
français Tony Tixier n’en
est pas moins en prise avec ce qui
se passe outre-Atlantique, au
point d’avoir constitué un
quartet avec certains des plus
excitants «jeunes loups
» de la scène
new-yorkaise. Et au premier chef,
Logan Richardson, saxophoniste
alto originaire de Kansas City,
protégé de Jason
Moran, ancien élève
de Greg Osby, qui est
considéré comme l’un
des plus grands espoirs de son
instrument.
Avec l’album « Dream
Pursuit », le groupe a
signé un disque qui offre
un concentré de ce qu’est
le jazz le plus inventif de nos
jours. Une rythmique
véloce, des compositions
bien conçues, des solistes
qui échappent aux
stéréotypes mille
fois entendus et un leader qui a
de la suite dans les
idées…Ce groupe a
frappé très fort
dans le paysage du jazz hexagonal.
Il vient confirmer ces espoirs en
direct. Découverte !
Samedi
24 novembre 2012 à 20h
Laurent de Wilde Trio
Over
the Clouds
Laurent de
Wilde (piano)
Jérôme
Regard (contrebasse)
Laurent
Robin (batterie)
Il était l’artisan de la
saison jazz de l’Espace
Daniel-Sorano l’an dernier; il
nous revient à la
tête de son trio dans lequel
s’épanouissent ses
qualités de pianiste et son
inspiration de leader. Laurent de
Wilde a longtemps navigué
entre culture jazz et
expérimentation
électronique, entre son
attachement au swing et son
désir de s’immerger dans ce
que les « machines »
peuvent procurer comme nouveaux
outils pour faire de la musique.
Aussi ce retour au trio est-il
à considérer comme
une opération de
synthèse, le pianiste ayant
à cœur d’intégrer au
cœur d’une formule «magique
» tout un éventail
d’expériences : « Il
me tardait d'incorporer dans de
nouvelles compositions les
enseignements tirés des mes
aventures sonores,
d'élargir le vocabulaire
traditionnel du trio, avec ses
prises de risque, sa
fragilité
intrinsèque, son langage
ancré dans une tradition
qui ne cesse d'évoluer, et
d'y mêler les formes, les
mélodies, les
matières musicales que j'ai
vécues au cours de cette
dernière décennie
», explique-t-il. Une
alchimie présente sur son
dernier album en date et qui
prendra toute sa dimension sur
scène !
Samedi
15 décembre 2012 à
20h
Pierrick Pedron Trio
Kubic’s
Monk
Pierrick
Pedron (saxophone alto)
Thomas
Bramerie (contrebasse)
Franck
Agulhon (batterie)
Il s’est produit ces
dernières années
à la tête d’un groupe
résolument
électrique, dans lequel
éclatait son admiration
pour le rock lyrique des Pink
Floyd, signant des disques en
forme de traveling sonore qui ont
marqué les esprits. Le
voici qui revient à un
registre authentiquement jazz,
dans une formule qui ne permet pas
de se défausser : le trio.
Le saxophoniste Pierrick Pedron
est l’un des plus fulgurants
musiciens de jazz en France, d’une
virtuosité et d’une
vélocité sur l’alto
à laquelle peu parviennent.
Il a choisi de s’attaquer au
répertoire de Thelonious
Monk. Autant dire : faire
l’ascension d’un monument
écrasant, par la face la
plus difficile. Sans piano,
traduisez : sans cordée.
Juste le soutien d’un
contrebassiste de choc, Thomas
Bramerie, et d’un batteur plein
d’audace, Franck Agulhon. Ils
n’ont pas froid aux yeux, ils
jouent Monk avec fantaisie et
liberté tout en respectant
l’essence des compositions du
maître, y compris les plus
rares. Une leçon en action.
Samedi
12 janvier 2013 à 20h
Bojan Z
Soul
Shelter
piano
solo
« Soul Shelter »,
c’est le titre du disque en solo
publié par Bojan Z
l’année dernière.
Littéralement, « un
refuge pour l’âme ».
L’exercice du solo est propice
à l’effet de miroir, et
lorsqu’on l’écoute, en
effet, prenant le temps de se
dévoiler, sans
précipitation, sans
démonstration, Bojan Z
offre les multiples visages qu’on
lui connaît et qui font
l’originalité de son art.
Un improvisateur qui a
chéri le jazz comme un
espace de liberté. Un
pianiste chez qui les folklores
balkaniques ont nourri une
virtuosité rythmique
incomparable.
Un voyageur dont les sources
d’inspiration sont aussi bien un
fragment de mélodie reprise
d’un joueur de kaval bulgare, un
rythme chaabi, qu’un blues
remonté des profondeurs du
Delta ou un thème
méconnu de Duke Ellington.
Un musicien qui a
dédoublé son
instrument, jouant d’une main du
piano acoustique, de l’autre d’un
piano électrique
trafiqué par ses soins,
mariant les sonorités de
l’un et de l’autre. Un jazzman,
enfin, qui est probablement le
plus « multi » que
l’on puisse observer dans le
paysage actuel. Tout ça en
un seul homme, face à
lui-même.
Samedi
9 février 2013 à
20h
Stéphane Belmondo
& Kirk Lightsey
Stéphane
Belmondo (trompette, bugle)
Kirk Lightsey (piano)
Stéphane Belmondo fait
partie de cette petite
confrérie très
fermée des trompettistes
qui comptent, appuyant son talent
sur un amour sans borne pour les
musiciens qui l’ont
précédé,
cette «tradition »
qu’il est bon de connaître
mais dans laquelle il est tout
aussi bon de ne pas se laisser
enfermer. De trente ans son
aîné, natif de
Detroit aux Etats-Unis, ville qui
donna à la musique
afro-américaine certains de
ses plus beaux fleurons, le
pianiste Kirk Lightsey est un vrai
monument du jazz, dont il a
accompagné certaines des
plus grandes légendes
(Dexter Gordon, Freddie Hubbard,
Chet Baker…). En 2011, les deux
musiciens se sont retrouvés
pour enregistrer en quartet le
dernier disque en date du
trompettiste, « The Same As
It Never Was Before »
(Verve). Ils nous reviennent dans
un duo d’une rare
complicité : juste une
trompette et un piano, pour
toucher à l’essence d'une
certaine idée du jazz,
l’espace d’une soirée. Avec
son lot d’émotions à
la clé.
Samedi
23 mars 2013 à 20h
Miguel Zenon & Laurent
Coq
Rayuela
Miguel
Zenon (saxophone alto)
Laurent Coq
(piano)
Dana Leong
(trombone, violoncelle)
Dan Weiss
(tabla, percussions)
« Rayuela » ou
« Marelle » en
français. C’est le jeu des
cours d’école. C’est aussi
le titre du livre le plus fameux
de l’écrivain argentin
Julio Cortázar.
Lauréats du French-American
Jazz Exchange, qui permet à
des jazzmen américains et
français de
développer des projets
communs transatlantiques, le
saxophoniste portoricain Miguel
Zenon et le pianiste Laurent Coq
ont construit tout un
répertoire inspiré
par ce roman qui se passe pour
partie à Buenos Aires et
pour partie à Paris. Un
roman prodigieux, puisqu’il peut
se lire de manière
linéaire ou en sautant d’un
chapitre à l’autre, suivant
les indications de l’auteur.
En hommage à l’invention
formelle de Cortázar, les
deux musiciens ont composé
un répertoire audacieux,
inspiré par les personnages
du roman et
développé pour un
quartet inhabituel où la
batterie est remplacée par
des tablas indiens et où le
violoncelle se substitue parfois
au trombone. Une relecture
créative et ludique qui est
l’un de ces projets inventifs du
moment.
Samedi
20 avril 2013 à 20h
Christophe Dal Sasso Big
Band
Christophe
Dal Sasso (flutes), Vincent Echard,
Julien Echard (trompette), Jerry
Edwards, Fidel Fourneyron (trombone),
Dominique Mandin (saxophone alto,
flute), Sophie Alour, David El-Malek
(saxophone tenor), Thomas Savy
(clarinette basse), Pierre de Bethmann
(piano), Manuel Marches (contrebasse),
Franck Agulhon (batterie)
Prétexte : « ce
qui permet de faire quelque chose
», nous dit le dictionnaire.
Mais aussi, en jouant sur les
mots, ce qui est « avant
» le texte, qui le
précède et, parfois,
s’een trouve à l’origine.
Christophe Dal Sasso a
apporté son concours
d'arrangeur-compositeur à
quelques-unes des aventures les
plus ambitieuses de ces
dernières années,
dont l’Hymne au soleil de Lionel
Belmondo et une création
pour David Liebman et l’Ensemble
Intercontemporain. Pour titre du
disque de son big band (douze
musiciens), il a choisi ce terme,
« Prétextes »,
comme pour mieux souligner la
série d’inspirations qui
sous-tendent son projet, points de
départ d’une exploration
orchestrale dans laquelle il livre
ce qui l'habite : un imaginaire
transmué en musique, aux
confins de l’âme du jazz et
du savoir-faire classique.
Entouré de certains des
meilleurs musiciens
français (David El-Malek,
Pierre de Bethmann, Sophie
Alour…), Christophe Dal Sasso
dirige, entre audace
d’écriture et
liberté de jeu,
réminiscences personnelles
et inventions formelles, une des
big bands les plus inspirés
du jazz français.